Après la présentation des victimes plouidéroises dans les guerres napoléoniennes, nous présentons ici les victimes des divers conflits qui se sont succédés tout au long du XIXè siècle.
1. L’expédition d’Espagne (avril 1823).
Le roi de France Louis XVIII décide d’intervenir en Espagne pour rétablir le roi d’Espagne Ferdinand VII comme souverain absolu, pouvoir qu’il a perdu à la suite d’un soulèvement populaire en 1820. Le 7 avril 1823, l’armée des Pyrénées pénètre en Espagne et le gouvernement libéral espagnol se replie au sud du pays à Séville, puis à Cadix.L’armée française s’enfonce progressivement dans le territoire espagnol et engage la conquête de l’Andalousie en juillet-août, obtenant la capitulation des constitutionnels à la fin du mois de septembre. Ferdinand VII récupère son pouvoir absolu sur le pays tandis que les Français laissent sur place des troupes d’occupation.Durant ce conflit, trois Plouidérois trouvèrent la mort :
2. La conquête de l’Algérie, guerre coloniale.
La conquête de l’Algérie s’est effectuée en plusieurs étapes, durant la Monarchie de Juillet et le règne de Louis-Philippe, depuis le débarquement de l’Armée d’Afrique à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830 jusqu’à la reddition de l’émir Abd el-Kader au duc d’Aumale le 23 décembre 1847, aboutissant à l’annexion de l’Algérie par la nouvelle République française en 1848.
Des Plouidérois ont trouvé la mort dans cette conquête :
Après l’annexion de l’Algérie et sa division en départements, l’armée française reste présente sur le terrain et d’autres Plouidérois meurent encore dans ce nouveau territoire français :
3. L’expédition de Rome (1849).
L’expédition française à Rome est décidée par Louis Napoléon Bonaparte, Président de la République Française, pour réinstaller le pape Pie IX qui avait été chassé par les Républicains romains, à la suite de la proclamation de la République romaine en février 1849. Le 22 avril 1849, le corps expéditionnaire français embarque à Toulon et débarque le 24 avril à Civitavecchia avec 7.000 hommes. Mais l’attaque de la ville de Rome, le 30 avril, est un échec. Après une trêve, les hostilités reprennent en juin avec le siège de Rome : les Français entrent dans la ville le 3 juillet et chassent le gouvernement républicain. Un Plouidérois trouve la mort en Italie lors de ce conflit :
4. La guerre de Crimée (1853-1856).
La guerre de Crimée est une guerre qui oppose l’Empire russe et une coalition formée de l’Empire ottoman (Turquie), le Royaume Uni, le Second Empire français et le Royaume de Sardaigne. La presqu’île de Crimée est située, au sud du territoire de l’Ukraine, avec la ville de Sébastopol, importante base navale sur la mer Noire. Le tsar de Russie Nicolas 1er souhait s’installer à Constantinople pour accéder aux détroits du Bosphore et des Dardanelles ; d’autre part, il entend protéger les communautés chrétiennes orthodoxes de l’Empire ottoman et il occupe la Moldavie et la Valachie, principautés roumaines, le 1er juillet 1853. En tant que suzerain de ces principautés chrétiennes, mais vassales de l’Empire ottoman, le sultan ottoman déclare la guerre à la Russie le 4 octobre.En février 1854, la France et la Grande Bretagne demandent à la Russie d’évacuer ces deux principautés et le 27 mars, elles lui déclarent la guerre aux côtés de l’Empire ottoman. Les deux épisodes principaux furent la bataille de l’Alma et le siège de Sébastopol de septembre 1854 à septembre 1855. Nicolas 1er étant mort le 2 mars 1855, son fils et successeur Alexandre II accepte les conditions des coalisés en signant le traité de Paris le 30 mars 1856.
Cette guerre a vu la disparition des plusieurs Plouidérois :
5. L’expédition du Mexique (1861-1867).
C’est une intervention militaire française qui avait pour objectif de mettre en place au Mexique un régime favorable aux intérêts français, s’appuyant sur des conservateurs mexicains installés en Europe qui souhaitaient installer au Mexique un souverain européen catholique et conservateur. Napoléon III voulait mettre fin au désordre qui régnait dans ce pays et y instaurer un Empire, allié à la France, qui pourrait devenir le premier pays industrialisé d’Amérique latine et une terre d’accueil pour les émigrés européens. Il s’agissait de contrebalancer sur le continent américain la puissance des Etats-Unis, empêtrés alors dans la guerre de Sécession.
Le contingent français dut très vite faire face à une véritable guérilla. En avril 1865, la guerre de Sécession se terminait aux Etats-Unis et ceux-ci commencèrent à fournir des armes aux Mexicains tout en pressant les Français de quitter le pays. D’autre part, en Europe la montée de la puissance prussienne avec Bismarck devenait une menace pour la France en Europe, surtout après la victoire de la Prusse sur l’Autriche. Napoléon III retira ses troupes, abandonnant peu à peu les villes du nord, Mexico, Puebla et Veracruz. En février 1867, le dernier navire français quittait les côtes du Mexique. Sur les 38 493 militaires envoyés au Mexique, 6 654 sont morts de blessures ou de maladie, dont un certain nombre de Plouidérois :
6. La guerre franco-allemande (1870).
Après avoir battu l’Autriche à Sadowa, Bismarck continua à construire l’unité allemande en regroupant les divers Etats allemands. Pour terminer cette unification, il a besoin d’une guerre contre la France et la succession d’Espagne lui servit de prétexte pour y entraîner Napoléon III (la dépêche d’Ems). Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse.
L’armée prussienne a l’avantage dans tous les domaines (hommes, matériel et stratégie). Une succession de défaites françaises aboutit à la bataille de Sedan et à la reddition le 2 septembre 1870 de Napoléon III qui est fait prisonnier. Le Second Empire s’effondre et il est remplacé par un gouvernement provisoire de Défense nationale qui signe l’armistice en janvier et février 1871, tandis que les Prussiens occupent le nord de la France.
Des Plouidérois ont trouvé la mort dans cette guerre :
Le fameux pantalon garance (costume tellement voyant !!!)
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Un Plouidérois se souvient des répercussions de cette guerre à Plouider : Hervé BUREL, "Histoire d’une famille de Basse Bretagne" (traduction de Nelly BLANCHARD, CRBC/Skol Vreiz, 2011).
C’est pendant que j’étais à l’école qu’éclata une terrible guerre entre la France et les Prussiens. A cette triste époque, j’avais douze ans. C’est au début de l’été 1870 que cette guerre fut déclarée par Napoléon III, alors empereur de France, et par Guillaume 1er, roi d’Allemagne. Ce fut une grande défaite pour les Français. En plus du nombre considérable de personnes tuées, tant au combat que de misère, la France perdit deux départements : l’Alsace et la Lorraine. De plus, la France dut donner à la Prusse plus de cinq milliards et le grand emblème de la France fut pris et se trouve toujours dans la capitale de l’Allemagne qui s’appelle Berlin. Cet emblème royal est un aigle, l’aigle royal, qui figure encore sur les grosses pièces de vingt francs.
Une grande tristesse régnait alors partout en France, surtout du côté de l’Alsace-Lorraine. Chez nous, on était malheureux surtout à cause des soldats qui avaient dû partir à l’armée. Ici, deux, trois, parfois même quatre de la même famille furent incorporés dans l’Active, recrutés dans la Garde mobile, ou encore dans un autre groupe qu’on appelait la Garde sédentaire. Un certain nombre de ces hommes, surtout les plus jeunes, appuyèrent un remplaçant pour partir à leur place. Mais hélas ! ils durent toutefois y aller et quitter leur famille, pleins de mélancolie et de chagrin. Après avoir vu partir leur argent, ils virent aussi partir leurs enfants. La loi obligeait aussi une génération d’hommes plus âgés et restés sur place à aller au moins deux fois par semaine sur la place du bourg pour faire l’exercice militaire.
Le dimanche, en allant à l’église, on constatait de manière très évidente que le nombre des hommes à la fleur de l’âge diminuait. Les visages de toutes les personnes âgées portaient la marque du chagrin t de la tristesse lorsque ceux qui avaient des enfants à la guerre se rencontraient. On prenait tout de suite des nouvelles ou de Fanch ou de Goulc’hen. S’il n’y avait pas de nouvelles, les larmes se mettaient à couler à flots et on voyait ces gens se tourner alors rapidement le dos de désolation, comme des adversaires.
Finalement Napoléon III, avec quatre-vingt-mille soldats, capitula sur la grande place de Sedan et ils furent tous faits prisonniers par les Prussiens ! Une telle catastrophe ne s’était jamais produite en France. Quelle tristesse ! quelle désolation ressentirent là-bas ce jour-là ces vaillants soldats trahis d’avance par ce traître de maréchal Bazaine, le plus jeune des maréchaux de France à cette époque.
Dès que ces soldats furent faits prisonniers par le prince Frédéric-Charles qui commandait l’un des plus grands corps d’armée prussiens, ils furent conduits en Prusse comme des malfaiteurs. Ils souffrirent pendant neuf mois du mal du pays, de la honte d’être prisonniers, du tourment de ne pas savoir ce qu’ils allaient devenir, des affres de la famine. La plupart d’entre eux ont crevé de misère ! Et ceux qui ont pu rentrer chez eux, couverts de poux et de vermine, ceux qui étaient vivants – et il y en a beaucoup – pourraient mieux témoigner que moi de ce que j’affirme.
Pendant que ces soldats se trouvaient là-bas au fin fond de la Prusse, les Prussiens avancèrent sur Paris. Lorsqu’ils arrivèrent, ils bombardèrent Paris. Ils cernèrent la ville et pendant cent dix jours, rien ne sortit de cette métropole, rien n’y entra. La famine fit bientôt son apparition et les gens des basses classes commencèrent à protester. Les choses se vendaient au poids de l’argent. L’argent finit par disparaître et la misère empirait. Une révolution finit par éclater.
On fut obligé d’avoir recours aux marins et on leur ordonna de délivrer les Parisiens. La partie fut chaude, mais ils parvinrent toutefois à conclure un armistice et à ouvrir en même temps les portes de la ville. Depuis, les matelots sont bien vus à Paris.
Si la situation des Parisiens était pénible et difficile à cette époque, ici aussi régnait une grande tristesse bien que nous fussions loin du bruit des fusils et des canons. Le début de l’année connut une telle sécheresse qu’un grand nombre de meuniers furent obligés de fermer leur moulin. A cette époque, une grave maladie se propagea dans la population (on l’appelle la variole) et elle fit beaucoup de morts à travers le pays. En plus de la grande sécheresse et de cette épidémie, nous eûmes un hiver très rigoureux, comme n’en n’avaient jamais connu les plus âgés de l’époque. Les gens mouraient de froid, le bétail périssait, bref, il ne fit jamais si mauvais temps en France.
Les foires ne marchaient pas, on ne pouvait pas tirer un sou des bêtes qu’on y amenait puisque personne n’en voulait, à tel point qu’on devait les garder à vivoter ou les abattre. Enfin, pour achever de mettre les pauvres paysans dans la pire des misères, une épidémie se propagea parmi les bêtes à cornes si bien qu’elles tombèrent comme des mouches. De nombreux paysans souffrirent de cette situation longtemps après.
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7. La conquête de l’Indochine française.
Les premières interventions des Français se situent en 1858 avec comme prétexte la protection des missionnaires : premiers résultats la prise de Danang et celle de Saigon. Le 5 juin 1862, la France signe un traité avec le Vietnam et récupère plusieurs provinces avec lesquelles elle forme la Cochinchine. En 1863, le Cambodge est placé sous protectorat français. En 1881-1885, une guerre oppose la France de la IIIè République à la Chine parce que les Français tentaient de prendre le contrôle du fleuve Rouge qui reliait Hanoi à la province du Yunnan en Chine. La victoire française avec la reconnaissance de son protectorat sur l’Annam et le Tonkin, s’ajoutant à la Cochinchine et au Cambodge, conduisit à la création de l’Indochine française. Puis, à la suite d’une lutte entre les Français et les Siamois entre 1887 et 1893, les pays Lao sont placés également sous le protectorat français. En 1896, la conquête se termine, du point de vue militaire.
Plusieurs Plouidérois ont laissé leur vie dans ces régions :
8. Opérations diverses.
L’annexion définitive de la Nouvelle-Calédonie en 1853 constitue la première action coloniale de l’Empereur Napoléon III :
Colonisation de l’Afrique noire :
Au Maghreb, Napoléon III renforce la présence des conseillers militaires français dans l’armée tunisienne. La France prend ainsi pied en Tunisie en 1869 par le biais d’une commission anglo-italo-française destinée à résorber la dette extérieure du pays. La France obtient, au congrès de Berlin de 1878, l’accord tacite des autres puissances européennes pour renforcer sa présence en Tunisie avec pour justification de protéger la colonie voisine d’Algérie :
Des marins décédés Outre-Mer :